LE TEMPS : MA REVELATION APRES LA COURSE EFFRENEE

Avant le cancer, ma vie était une course effrénée, une spirale dans laquelle je m’étais enlisée sans même m’en rendre compte.

Le temps, plutôt que de me servir, semblait me fuir.

Chaque matin, je me levais tôt, avant même que mes filles ne se réveillent, pour pouvoir déjà accomplir une partie de mes tâches avant que la frénésie de la journée n’éclate.

C’était un peu comme si j’avais établi une règle invisible : il fallait toujours être en avance, toujours avoir de l’avance sur le temps.

Je croyais que la réussite passait par la gestion de chaque minute, par l’accomplissement de tâches à la chaîne. Mais cette vision du temps allait bientôt me faire payer un lourd tribut.

Une vie rythmée par les tâches

Le matin, dès mon réveil, le temps devenait un maître.

Ma première action de la journée était de préparer le petit déjeuner pour mes filles, puis de les habiller et les emmener à l’école.

Cependant, entre chaque tâche, il n’y avait aucune place pour moi. Tout était organisé avec une précision quasi militaire.

Avant même qu’elles ne partent, j’avais souvent déjà accompli une grande partie de ma journée. Le reste de la matinée était une succession de tâches : vérifier les emails, répondre à des messages professionnels, et surtout, prendre de l’avance sur la journée à venir.

Le déjeuner, si tant est qu’on puisse l’appeler ainsi, devenait une simple formalité. C’était plus un moment de survie qu’un réel plaisir.

Avaler un repas en quelques minutes, juste pour « cocher la case ». Pas de temps pour apprécier les saveurs, pas de temps pour respirer.

L’essentiel était de continuer la course, sans jamais ralentir. Mon agenda était une liste infinie d’obligations. Je devais remplir mon rôle de mère, de professionnelle, et de femme accomplie, mais en permanence sous pression.

Mais, dans cette quête effrénée de perfection, j’ai négligé quelque chose de fondamental : moi-même.

Chaque minute, chaque heure semblait ne servir qu’à valider des obligations. Je m’étais fait croire que plus j’accomplissais, plus j’étais forte.

Le plus rapide était le plus efficace, et chaque tâche accomplie, chaque objectif coché, me permettait de me sentir fière.

Mais cela cachait une réalité bien plus lourde : je ne prenais plus le temps de m’écouter, ni de me reposer.

La surcharge et la tentation du contrôle

Ce besoin de contrôler chaque aspect de ma vie était devenu une compulsion.

Plus mes journées étaient remplies, plus je me sentais en sécurité. Le temps était devenu mon allié, mais paradoxalement, je l’utilisais contre moi-même.

La vitesse était synonyme de réussite, et cette réussite ne venait pas seulement du fait de faire, mais aussi du fait de ne pas laisser de place à l’imprévu.

L’idée de prendre du temps pour moi semblait être une faiblesse, un luxe que je ne pouvais pas me permettre.

C’est ainsi que le temps est devenu ma prison. Je m’imposais une vie où chaque instant était dédié à la performance, à l’accomplissement de tâches, à la gestion du quotidien.

Une vie où il n’y avait pas de place pour l’indulgence ou la spontanéité. Le plus inquiétant, c’est que je ne voyais pas cette dynamique comme un problème.

Au contraire, je pensais qu’elle faisait de moi une personne forte, une personne capable de tout gérer. Mais cette gestion obsessionnelle du temps avait un prix.

Le cancer : un choc qui bouscule la perception du temps

Puis, un jour, tout a basculé.

Le cancer est arrivé, frappant ma vie comme un coup de tonnerre.

Un choc violent, un moment où tout s’arrête. Tout à coup, le temps ne m’appartenait plus. Chaque rendez-vous médical, chaque traitement, chaque étape du parcours était un rappel constant que le temps est fragile et qu’il ne doit pas être gaspillé.

Ce moment de pause forcée m’a fait prendre conscience de la façon dont j’avais vécu jusqu’alors. La maladie m’a confrontée à ma manière de gérer le temps, ou plutôt à mon incapacité à le savourer.

Cette épreuve m’a permis de découvrir que le temps n’est pas un adversaire à battre, mais un allié qu’il faut chérir. Après tout, il est limité, précieux, et il file à une vitesse impressionnante, surtout quand on est submergé par la frénésie du quotidien.

J’ai appris que ce n’est pas la quantité de choses accomplies qui compte, mais la qualité des moments vécus.

Je me suis rendue compte que courir après le temps, c’était lui accorder une valeur qui n’était pas la bonne.

Le temps, tel que je l’avais vécu auparavant, n’était pas un outil de bien-être, mais un fardeau que je m’étais imposé.

La maladie m’a forcée à me poser, à ralentir, à redécouvrir le sens du présent. Le temps n’était plus qu’un décompte vers une finalité. Il était, et il est encore, une chance, un cadeau.

La prise de conscience : le temps comme allié

Aujourd’hui, après cette prise de conscience radicale, j’ai réappris à regarder le temps d’une autre manière.

Il n’est plus une course effrénée, mais un allié. J’ai pris le temps de m’arrêter, de respirer et de m’écouter.

C’est un véritable apprentissage que de lâcher prise sur cette obsession du « tout faire ».

J’ai appris à savourer les petits moments, à apprécier les instants que la vie me donne. Ce temps qui m’échappait m’appartient désormais de façon plus consciente.

Je ne prétends pas que cela a été facile. Le cancer, en lui-même, est une épreuve. Mais cette maladie m’a appris à ralentir et à prendre du recul.

C’est un travail qui s’est fait petit à petit. J’ai appris à redéfinir mes priorités. Prendre du temps pour moi, même si c’est seulement cinq minutes pour respirer profondément, est désormais essentiel.

Si vous êtes en traitement ou en rémission, je comprends à quel point chaque journée peut sembler accablante.

Entre les traitements, les rendez-vous médicaux et la gestion des émotions, le temps peut sembler être une montagne insurmontable. Mais il est essentiel de se rappeler qu’il est tout aussi important de prendre du temps pour soi, même dans ces moments de grande fragilité.

Reprendre le contrôle du temps

Aujourd’hui, je choisis de vivre différemment. J’ai appris que tout ne doit pas nécessairement être accompli dans une journée.

Les objectifs que je m’impose sont plus conscients. Je choisis de vivre chaque instant, en tenant compte de mes émotions et de mes besoins.

Ce n’est plus la course contre le temps, mais un chemin de redécouverte de soi. J’ai appris à dire non, à prioriser ce qui est vraiment important, à laisser de l’espace pour le spontané et l’imprévu.

Cela ne signifie pas que tout est parfait, loin de là. Mais j’ai compris que la perfection n’a jamais été le but.

Le but est de vivre pleinement, sans regrets. C’est dans ce lâcher-prise que je trouve ma paix.

Le contrôle du temps n’est plus une question d’efficacité, mais de présence.

J’ai réappris à être présente à chaque moment, à me rendre disponible pour ce qui est véritablement important.

Le temps : une ressource précieuse à apprécier

Le cancer m’a fait prendre conscience de l’importance de chaque moment.

Avant, je vivais dans une sorte de pression constante, une impression que chaque seconde devait être utilisée pour faire.

Aujourd’hui, je sais que chaque moment est une opportunité de vivre, de ressentir, d’expérimenter.

Le temps est une ressource précieuse, qu’il est essentiel de ne pas gaspiller en poursuivant des objectifs sans fin.

Je me suis aussi rendue compte que, parfois, ce n’est pas ce que l’on fait qui compte, mais ce que l’on ressent.

Les moments de silence, les instants de bien-être dans la nature, sont désormais des priorités dans ma vie. Ces moments me permettent de me reconnecter à mon essence et de retrouver une sérénité que je n’avais jamais connue avant.

Ces petites respirations dans le quotidien me rappellent à quel point le temps est un cadeau.

Accepter la rareté du temps

Le temps, au fond, est rare. Nous avons tendance à l’oublier dans notre quotidien, dans nos emplois du temps chargés.

Pourtant, chaque minute est unique, chaque instant est irremplaçable. Après tout, le temps que nous laissons filer, nous ne pourrons jamais le récupérer.

C’est cette conscience de la rareté du temps qui m’a poussée à le réévaluer. Plus que jamais, je choisis de vivre avec une conscience accrue de chaque instant. La performance n’est plus un objectif en soi.

Le vrai but est de vivre chaque moment avec sens et avec gratitude.

Aujourd’hui, je m’autorise à me poser, à ne plus chercher à remplir chaque minute de la journée avec des obligations.

Je prends du temps pour rire, pour discuter, pour apprécier les petites choses. Ce temps que je m’accorde n’est pas une perte, mais un investissement dans ma paix intérieure.

Conclusion : reprendre le contrôle de son temps

En conclusion, il est essentiel de réapprendre à vivre avec le temps, plutôt que de courir après lui.

Le cancer m’a permis de redécouvrir la valeur du temps, mais aussi la nécessité de ralentir, de choisir ce qui est vraiment important.

Aujourd’hui, je suis convaincue que c’est dans ces moments de pause, dans ces instants où l’on se permet de respirer et de se reconnecter à soi-même, que l’on trouve la vraie richesse de la vie.

Si vous traversez une épreuve similaire, je vous encourage à prendre du temps pour vous. Le temps de respirer, le temps d’être présente à vous-même. Vous méritez de vivre pleinement chaque moment, sans culpabilité, sans pression.

N’ayez pas peur de ralentir, de vous offrir du répit. C’est dans ces moments-là que vous retrouverez la force de continuer, avec sérénité et confiance en l’avenir.

Ensemble, nous pouvons trouver un équilibre, redécouvrir le sens de chaque minute et faire du temps un allié précieux. Vous êtes capable de vivre pleinement, en toute conscience.